Bien que Thomas Jefferson et John Adams soient hostiles aux dialogues de Platon, les auteurs classiques sont maintes fois cités, à l’instar d’Homère, Hérodote, Xénophon, Plutarque, Cicéron, Horace, Virgile et Marc Aurèle. Vaste sujet donc, mais ô combien passionnant! Nous pouvons évoquer  l’Esprit des lois (1748) de Montesquieu dans lequel Thomas Jefferson puise l’idée qu’un gouvernement républicain doit se fonder sur la vertu et sur la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général. A ce sujet, Samuel Williams écrivait dans ses Discourses on the Love of Our Country (1775) : « (…) l’amélioration graduelle de l’esprit humain qui a eu lieu depuis, a conduit ces colonies vers ce principe véritablement juste et catholique, la tolérance universelle et la liberté de conscience ; si nous n’y sommes pas encore parfaitement parvenus, nous sommes sur le bon chemin ». Ce bon vieux Dagobert a-t-il réellement mis sa culotte à l’envers ? Pour la petite anecdote, la Boston Tea Party de 1773 ne correspond pas à une fête où tout le monde festoyait avec une tasse de thé entre les mains mais un événement qui manifesta l’agitation des colons contre l’Angleterre. Le Stamp Act imposant un timbre fiscal sur les documents légaux, les journaux, les brochures, les almanachs, les cartes à jouer et les dés était voté sans opposition notable au Parlement et ratifié par la Couronne le 22 mars 1765. Par conséquent, tous les débats politiques et économiques avaient pour enjeu principal la liberté et l’indépendance. Le général Gage écrivait au gouverneur de Boston le 2 février 1774 : « le moment est venu de savoir si les provinces continueront d’être des colonies britanniques ou si elles deviendront des États indépendants et séparés. Les colonies protestèrent contre des taxes non consenties : pas d’imposition sans représentation selon la formule fameuse de James Otis. Engagé dans l’armée britannique, il combat l’armée française avant de devenir officier puis colonel. La révolution américaine fut un conflit armé qui dura huit longues années. Pour parvenir à cet idéal, il était également nécessaire de s’émanciper du pouvoir britannique. D. Invasion américaine de la province de Québec. Cependant, si les idées apportées par cette effervescence semblent novatrices et révolutionnaires, elles découlent en réalité d’idéologies prônées par la Révolution américaine qui est antérieure à la Révolution française. 3 C’est à Locke que l’Amérique emprunte l’idée de révolution légitime, tandis que la Couronne britannique convoque et nourrit sa légitimité de la loyauté postulée de ses sujets d’outre-Atlantique. Dès lors, j’ai décidé de m’intéresser aux origines idéologiques de la Révolution de 1776 dont l’ampleur fut telle qu’elle influença les idées culturelles et politiques dans bien de pays sur le sol européen. C'est un des plus grands historiens des États-Unis. Cette liste, loin d’être exhaustive, nous donne ainsi à penser que les philosophies modernes et rationalistes ont œuvré à l’indépendance des États-Unis. L'auteur résume les principales lignes de l'interprétation politique de la Révolution américaine développées dans son étude sur La naissance de la pensée politique américaine. Ainsi, grâce au comité de rédaction, composé de John Adams, Roger Sherman, Benjamin Franklin, Robert R. Livingston et Thomas Jefferson, la Déclaration d’indépendance des États-Unis est signée le 4 Juillet 1776, conformément à la décision du Second Congrès Continental (petite précision : le Second Congrès continental correspond à l’assemblée de délégués des 13 colonies américaines qui siégea du 10 mai 1775 au 1er mars 1781). Plus important encore, les idées politique des Puritains de la Nouvelle-Angleterre, notamment liées à la théologie du contrat, sont à citer en tant que sources de cette révolution. Achat Les Origines Idéologiques De La Révolution Américaine à prix bas sur Rakuten. Nous pouvons également citer le philosophe britannique John Locke dont les idées sur la liberté, l’égalité, l’indépendance et la propriété, extraites de son Traité sur le gouvernement civil (1690), inspirèrent grandement les révolutionnaires : « Les hommes étant tous libres, égaux et indépendants dans l’état de nature, nul ne peut être dépossédé de ses biens et assujetti au pouvoir politique d’autrui sans son consentement ». Cependant, l’égalité et la liberté universelle (politique, économique et religieuse) prônées par les révolutionnaires furent sujettes à de nombreuses railleries de la part des Tories (partie s’opposant aux Whigs sur le sol britannique), considérant que l’esclavage, alors très présent sur le sol américain, décrédibilisait leur combat ardent pour la liberté. Entre 1763 et 1774 les relations n'ont cessé de se détériorer entre la Couronne britannique et les treize colonies d'Amérique du Nord : ce sont les origines de la Révolution américaine Adolescent, il était déjà à la tête du domaine familial. La défense de la liberté et de l’égalité ainsi que la définition de l’ordre social comme la somme des libertés individuelles et des exigences que suggère le vivre-ensemble représentent en effet des idées en vogue dans la révolution outre-Atlantique. En effet, depuis Jacques II[2] et la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV, le papisme (c’est-à-dire la soumission à l’autorité du pape) est lié dans l’esprit des colons à l’asservissement, à l’absolutisme et au despotisme. C. Adoption de la Sugar Act. De plus, de nombreux textes américains du XVIIIe siècle font référence à des procès et aux solutions apportées à l’issu de ces derniers, ainsi qu’aux traités classiques du droit anglais. A des causes structurelles profondes se sont combinées d’autres causes d’ordres conjoncturelles dont notamment les révolutions anglaises et américaines. Une révolution non violente… En effet, les patriotes américains de Boston, déguisés en Indiens, jetèrent des cargaisons de thé des navires marchands britanniques par-dessus bord. De plus la Proclamation de George III du 7 octobre 1763, soucieuse de ménager les Indiens et d’éviter la dispersion de la population blanche, limitait les volontés d’expansion des colons en fixant la frontière au milieu des Appalaches. En bonne passionnée d’histoire, je me suis penchée sur l’épisode de la Révolution Française que l’on ne cesse de poser comme l’un des symboles fondateurs de la France. La métropole faisait tout pour empêcher le développement économique des colonies qui devaient rester le débouché des produits de l’industrie anglaise. Sir Edward Coke, jurisconsulte anglais avocat de la couronne qui fut également procureur général, président de la cour des plaids communs et 1er juge du Banc du roi (1613),  est ainsi cité à maintes reprises dans les pamphlets et déclarations publiques. Il plaisait aux révolutionnaires américains d’associer le catholicisme au gouvernement arbitraire et à la tyrannie. Chapitre 6, La nation providentielle : Révolution et indépendance (1754-1800), Flammarion, 2012. Ceci ne fit qu’exacerber encore davantage la colère des révolutionaires…, L’Acte de Québec et les «Coercive Acts», auxquels viennent s’ajouter les réactions virulentes face à la non-représentation des colons en Angleterre, ont ainsi fait surgir chez les Américains la volonté de s’émanciper de la Couronne anglaise afin d’acquérir une liberté politique et économique. Les importations de marchandises étrangères comme les exportations de riz ou de tabac devaient transiter par l’Angleterre. • En 1787, une Constitution fédérale est adoptée à Philadelphie. À l’image de Benjamin Franklin au nom prédestiné, les Américains se sentaient tous des cadets et des bourgeois par rapport à l’Angleterre aristocratique. Vers 1760, les Treize colonies comptaient un million et demi d’habitants et trente ans plus tard sur un territoire élargi les États-Unis rassemblaient 3 800 000 habitants dont près de 700 000 esclaves. Les causes de la Révolution américaine » Pour ce faire, il doit se mettre dans la peau d’un colon et rédiger une pétition à l’intention du roi d’Angleterre. Ce combat pour la liberté religieuse s’accompagne, en outre, de l’exigence de la neutralité de l’Etat, créant un « mur de séparation » entre les institutions politiques et l’Eglise, selon les propres mots de Jefferson. La révolution américaine Ce monde de colons venus d'Europe avec l'espoir d'une vie ou d'un monde nouveau n'ont recréé en Amérique que ce qu'ils avaient connu en Europe et avaient fui, les oppressions sociales, politiques ou religieuses. Nous étudierons ainsi dans un … Historie des idées politiques aux Temps modernes et contemporains, Chapitre 6, les idées politiques de la Révolution américaine, presses Universitaires de France, 2013, 43 p. Lauric Henneton. D’autres encore s… La tension ne diminuait pas. La crise des années 1763 à 1776, voulant affirmer la place unique de l’Amérique dans le dessein du monde, a exploité un idéal politique qui, entravé par le système absolutiste en Europe, avait besoin d’une terre considérée comme « vierge » afin d’être appliqué. Achetez neuf ou d'occasion Elles fournissaient des matières premières à moindres frais pour les industries nationales, tout en offrant un débouché à l’exportation pour ses produits. Les origines idéologiques de la révolution américaine, Bernard Bailyn, Claude Lefort, Belin. Soucieux de réduire la dette publique, dont l’augmentation était attribuée à la guerre coloniale, les serviteurs de la Couronne songeaient à lutter contre la contrebande endémique. Les inégalités sociales paraissaient moins marquées qu’en Europe, les pauvres mieux lotis que dans l'Ancien Monde, Franklin parlant du « règne de l’heureuse médiocrité ». I Les origines de la révolution américaine Dès 1607, l’Angleterre colonise la côte atlantique de l’Amérique du Nord. En revanche, les révolutionnaires américains se sont fortement inspirés du rationalisme des Lumières. Les Lettres d’un fermier de Pennsylvanie (décembre 1767) de John Dickinson sembla résumer tous les griefs des Américains. La route de la révolution américaine 14 Jan, 2019 En 1818, le père fondateur John Adamsa rappelé que la Révolution américaine avait commencé comme une croyance «dans le cœur et l'esprit du peuple» qui a finalement «éclaté dans la violence ouverte, l'hostilité et la fureur». 2. Après avoir rappelé les origines de la Révolution néerlandaise de 1782-87, l'auteur insiste sur l'importance de l'influence et plus encore du modèle de la Révolution américaine sur les idées des « Patriotes ». Le secrétaire d’État aux affaires coloniales, Hillsborough adoptait une position de fermeté. Cependant, la volonté de sauvegarder cette liberté va se développer en un désir de liberté absolue chez une grande partie des habitants de la Nouvelle-Angleterre. Trop tard, hélas. Il est bon d'éliminer auparavant plusieurs interprétations trop simplistes. Le site Documents d’histoire et de géographie permet de travailler la compétence 2 du programme de formation en histoire et éducation à la citoyenneté : interpréter les réalités sociales à l’aide de la méthode historique. De surcroît, les colons devaient payer des taxes sans pour autant pouvoir décider de l’utilisation de cet argent collecté dans la mesure où ils n’avaient pas de représentants politiques au Parlement de Londres. A WordPress.com Website. Il a été récompensé par le National Book Award et a remporté deux fois le prix Pulitzer d'Histoire (en 1968 et 1987), dont une fois pour le présent ouvrage. B. Mise en application de la Proclamation Royale. Plusieurs d’entre eux se sentent personnellement liés à la Couronne; d’autres craignent que la révolution ne sème le chaos en Amérique. Plusieurs Américains ont d’ailleurs redouté que ces immigrants d’origines variées altèrent la composition de la société américaine. Saisissez votre adresse e-mail pour vous abonner à ce blog et recevoir une notification de chaque nouvel article par e-mail. Pourtant, la tension retombait et le commerce reprit entre la Grande-Bretagne et l’Amérique. Les partisans de la Révolte se qualifièrent de Sons of Liberty. Par ailleurs, nous pouvons ajouter à la controverse épiscopale l’Acte de Québec[3] de 1774 qui fut reçu par les colons comme un pas de plus de l’Inquisition sur le sol américain et, de ce fait, comme une trahison du roi. Les 13 colonies américaines de la Grande-Bretagne gagnèrent leur indépendance durant la guerre appelée révolution américaine, ou guerre de l’Indépendance américaine (1775-1783). Ajoutons à l’établissement de ce nouvel Etat un bouleversement intellectuel, initié par les idéaux républicains et démocratiques, affirmant des droits  à la liberté, à l’égalité, à la propriété et à la recherche du bonheur. Outre-Atlantique le rejet fut unanime : « ce simple geste aura suffi pour que la Grande-Bretagne perde l’affection de toutes ses colonies » note un juriste new-yorkais loyaliste. Par le suffrage censitaire, les 3/4 des hommes pouvaient voter, étaient exclus les plus pauvres, les femmes et les esclaves. Comme vous pouvez vous en doutez, cette loi provoqua le mécontentement des Treize colonies et, dès lors, se révéla être une source indirecte du combat initié en 1776. Charles F. Mullett, Classical influences on the American Revolution, vol.35, n°2, 1939, pp.92-104. D’autres événements peuvent être mentionnés afin d’illustrer mes propos tels que l’ordonnancement, notamment en Virginie, du boycott des produits anglais, ou encore de l’envoi d’une pétition au roi le 30 mai 1765…. Ces révolutions fond en effet partie de ces événements qui ont influencés la révolution française de 1789. Dans l'enchaînement des Révolutions atlantiques c'est à elle qu'ils se réfèrent. L’élément le plus évident dans les écrits de la période révolutionnaire est l’héritage de l’Antiquité classique. En décembre 1766, l’assemblée de New York refusait d’appliquer le Quartering Act prévoyant le logement des gens de guerre. Quelles sont les causes de la Révolution américaine? Ces références permettaient aux colons de s’identifier à ces personnes et à faire des analogies avec leur époque, comme le souligne Andrew Jackson à l’université de Tennessee en 1812 : « Les jeunes hommes d’Amérique sont animés par l’ambition d’égaler les exploits de Rome ». Ainsi mis aux côtés de la littérature classique et des philosophies des Lumières, le droit anglais représente une référence importante à la cause indépendantiste américaine. Des représentants de neuf colonies se réunirent à New York en octobre pour énoncer une « subversion des droits et libertés des colons ». Plusieurs traités ont d’ailleurs été conclus pour contrôler l’origine des immigrants. Townshend, nouveau chef du gouvernement britannique, fit adopter par le Parlement quatre lois connues comme les Townshend Acts (1767) : elles imposaient des droits de douane payables dans chaque port avec la création d’un bureau de douane centralisé avec un corps de fonctionnaires n’ayant aucun compte à rendre aux administrés. A contrario, le protestantisme apparaît comme le défenseur de la liberté politique et religieuse. Ces derniers ont largement repris ces idées et les ont développées sous l’influence de quelques prêcheurs et intellectuels. En outre, l’œuvre principale de Jean-Jacques Rousseau, intitulée Du contrat social (1762), s’inscrit également dans cette énumération de sources issues des Lumières. Cette conception du lien entre l’absolutisme royal et la tyrannie est très présente chez les Whigs (vous savez, les  membres du parti Whig qui, opposé au parti Tory, apparut au XVIIe siècle en Angleterre et lutta pour un parlement fort, capable de contrepeser le pouvoir royal…). La révolution américaine constitue un événement majeur dans l’histoire, et salué comme tel dès son avènement : première indépendance d’une colonie blanche à l’égard d’une métropole européenne ; première république viable dans un grand pays ; originalité d’un processus révolutionnaire entre les deux textes qui rythment la naissance de la nation américaine : la Déclaration d’indépendance du 4 juillet … Le 5 mars 1770, le gouvernement cédait de nouveau renonçant à tous les droits, à l’exception de la taxe sur le thé, écartant aussi le Quartering Act et donnant l’ordre de retirer les troupes de Boston. La contrebande cependant continuait et la goélette La Gaspée chargée de lutter contre le trafic illicite était victime d’un incendie criminel (9 juin 1772). Contexte. La révolution américaine est une période de changements politiques importants qui aboutit à la naissance des États-Unis à la fin du XVIII siècle.